Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/33

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plus cruelle. Je l’ai mérité. Gardez-moi le secret de mon nom. Voilà vingt ans que je vis parmi ce peuple, et j’espère mourir à son service. Mais, avant de venir aux Indes, pendant plusieurs mois, en Europe, j’ai été un prêtre indigne ; j’ai péché contre les vœux de mon sacerdoce. Toute ma vie depuis lors est une expiation. Vous comprenez, maintenant, jeune homme, que je ne veux pas diminuer la rigueur de cette pénitence ; que ce que vous me proposez va contre mon salut. Laissez-moi vous dire adieu. Vous ne pourrez plus vous souvenir de moi sans vous souvenir de ma faute, et vous m’avez contraint, à jamais, à garder de la confusion, plus que de l’orgueil, du service que je vous ai rendu. C’est bien ainsi. Adieu. » Et il repartit, le lendemain, sans que je l’eusse revu. Je vous avoue, mon ami, que je suis resté très fortement impressionné par cette rencontre.

— Qu’est-ce qu’elle prouve ? Que les Romains ont des prêtres qui ne peuvent tenir leurs vœux.

— Elle prouverait plutôt le contraire, puisque de telles expiations suivent la faute, et qu’elles sont volontaires. Non, vous ne me comprendrez