Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/42

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qui, comme tel, se croit toujours très fort, et croit les autres très naïfs. C’est cousu de fil et même de cordonnet blanc.

— Dis toute la pensée, que je voie si nous devinons la même chose ?

— J’en suis sûre. On essaye de marier Félicien, mais mon cousin ne montre pas d’enthousiasme pour la jeune fille très riche que lui présente mon oncle. Il fait des objections, et on compte sur vous pour les réfuter. Il aime ailleurs, c’est infiniment probable.

Madame Limerel mit la main sur le bras de Marie ; leurs yeux se rencontrèrent, et leurs âmes mêmes.

— Marie, Félicien ne t’a jamais dit qu’il t’aimait ?

— Jamais nettement. Avec les cousins, on ne sait pas, au moins pendant longtemps. C’est une espèce à part, entre frères et amoureux. Il a toujours été très affectueux avec moi. Quand nous sommes parties, il était très triste, et c’est pour cela que je crois qu’il m’aime.

— Son père a l’air de le croire aussi.

— Évidemment.

— Eh bien ! petite, si Félicien te disait qu’il