Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/61

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futaies. Réginald se tenait à sa gauche, et assurément ce n’était pas de sa voisine qu’étaient occupés ses yeux, qui semblaient suivre, dans le lointain et en avant, un de ces songes tristes qui passent toujours là-bas, un peu au-dessus de la terre. Marie ne pouvait deviner quelle souffrance il allait lui avouer, mais le don inné de la pitié, la crainte de ne pas savoir répondre, une gratitude qui était plus grande que le reste, formaient son émotion et occupaient tour à tour son esprit. Réginald croisa les bras, geste qui lui était familier quand il discutait, et il dit :

— Thomas Winnie n’est pas venu, aujourd’hui.

Cela signifiait, et Marie le comprit aussitôt : « Thomas Winnie aurait reçu mes confidences, s’il avait été ici. Je vous parle, à vous, parce qu’il n’est pas près de moi. » Elle répondit, sans qu’il se fût expliqué davantage :

— Il est votre ami le meilleur.

— Oui… Il s’est passé quelque chose de grave, ici, ce matin.

— Quoi donc ?

— J’ai refusé d’aller à l’office avec ma famille.