Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/66

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Je ne sais pas si vous connaissez ces deux livres ?

— J’ai vu le premier sur des tables ; je ne sais que le nom du second.

— Tous deux représentent les catholiques comme des hommes sanguinaires, persécuteurs, dangereux, vraiment barbares. L’Histoire de la Liberté est une longue accusation contre eux. Bien que je fusse très jeune, j’avais parfaitement commencé à haïr les catholiques. Mon père, d’ailleurs, ne prononçait ce mot qu’avec mépris. Il disait « la sanguinaire Mary ». Je m’étonnais de voir que nous avions à la maison une lingère irlandaise. Et, comme elle était très bonne avec moi, et depuis de longues années au service de ma mère, je m’imaginais qu’elle était bien heureuse d’avoir fui son pays de misère et d’horreur. Entre elle et une négresse achetée sur un marché d’esclaves et amenée en Europe, il y avait, dans ma pensée d’alors, une grande ressemblance de destinée… Je m’excuse de vous dire ces idées d’enfant. Je suis venu de l’injustice ; j’entends d’une injustice involontaire, d’une grande prévention contre les idées catholiques. Mon