Page:Bazin - La Barrière, Calmann-Lévy.djvu/67

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père est demeuré tel qu’il a toujours été.

— Et lady Breynolds ?

— Ma mère aussi ; mais elle n’a pas le même caractère. Je l’ai fait souffrir, cela est sûr, mais devant mon père, elle prend ma défense. Elle vit en souriant au monde, avec le drame de ma vie au fond du cœur… Tenez, en ce moment, là-bas, si elle a rencontré la harde de cerfs, elle les montre, elle dit : « Voyez, nous avons reçu les premiers animaux, il y a dix-sept ans, de notre ami lord Llandovery ; » elle pense, au fond de son cœur : « Quel doute affreux ! Réginald contre son père, contre le passé de la race ! Est-ce possible ? » Elle souffre, elle ne me comprendrait pas ; elle me pardonnerait plutôt. Je lui ai échappé bien jeune, à treize ans, quand il a été décidé que j’irais à Eton. J’étais déjà depuis longtemps résolu à être soldat, quand j’ai dit : « Je veux être officier. Je veux me battre, je veux traverser l’Afrique comme Stanley. » Mon père approuvait. Ma mère essayait d’être aussi fière que lui ; elle l’était avec beaucoup de peine.

— Je la comprends.

— Vous voyez donc que j’ai eu la mère la