Jean Nesmy toucha de la main son feutre sans galon et plus large que ceux du Marais ; il eut un petit rire qui découvrit ses dents, blanches comme de la miche fraîche, et dit :
— Bonsoir, Rousille ! Vous direz au père que je passe la nuit dehors, pour rapporter des vanneaux à ma bonne amie !
Il se détourna, d’un geste prompt gravit le talus, sauta dans le champ voisin, et, une seconde seulement, le canon de son fusil trembla en s’éloignant parmi les branches.
Rousille demeura devant la brèche de la haie. Elle avait son âme qui courait par ce chemin et qui ne revenait pas. Puis, pour la seconde fois, une rumeur passa dans l’ombre, des cris de volaille effarouchée, des battements d’ailes, un bruit de fer grinçant. C’était le signe qu’Eléonore, comme chaque soir avant le souper, verrouillait la porte de l’appentis où couchaient les poules. Marie-Rose serait en retard. Vite, elle reprit sa charge de feuilles, franchit l’échalier, et força le pas vers la Fromentière.
Elle eut bientôt fait d’arriver à la route herbeuse et inégale qui venait, en tournant, des profondeurs du pays haut, et qui aboutissait, un peu plus bas, à la lisière du Marais. Elle la