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ANITA

Il me restait cependant une dernière chance : l’évasion.

Coûte que coûte, j’étais bien décidé à tout risquer pour recouvrer ma liberté. Aussi, commençai-je à l’instant même à former des plans plus ou moins pratiques pour m’échapper des mains des Chinacos.

Le lendemain, de grand matin, flanqué de deux cavaliers et ficelé de nouveau des pieds à la tête, je prenais la route de Santa Rosa.

Comme nous étions en pays ami pour les juaristes, mes gardes me laissèrent une certaine latitude ; et n’eussent été les liens qui me gênaient terriblement, je n’aurais pas eu trop à me plaindre de ces messieurs. Trente-six heures de route devaient nous conduire au camp, et, en attendant, je me creusais la tête pour trouver le moyen de tromper mes Mexicains.

Si j’avais eu de l’or, j’aurais pu les acheter corps et âmes, car il est proverbial que ces braves descendants de Cortez — comme leurs ancêtres — ne savent guère résister aux appas d’une somme un peu respectable ; mais je n’avais pas un sou. On m’avait tout enlevé.

Nous campâmes, le premier soir, aux environs de Monclova, et je passai la nuit à méditer des plans d’évasion, tous les uns plus impossibles que les autres.