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SOUVENIRS D’UN CONTRE-GUÉRILLAS

Nous nous remîmes en route de bonne heure, dans l’espérance — pour mes gardes, bien entendu — de pouvoir atteindre le soir même le but de notre voyage.

Je commençais à croire, après tout qu’il me faudrait attendre une occasion plus favorable, et je me résignais à subir mon sort tant bien que mal, quand vers trois heures de l’après-midi, nous nous arrêtâmes à la Hacienda de los Hermanos pour reposer nos chevaux et prendre nous mêmes un dîner dont nous avions grand besoin.

Là, j’appris d’un péon — domestique — que les Français avaient été vus la veille sur la route de Paso del Aguila, et un rayon d’espérance vint relever mon esprit abattu.

Mes gardes se hâtèrent de prendre un mauvais repas composé de tortillas et de frijoles dont ils m’offrirent une part assez libérale que j’acceptai avec plaisir.

Ils avaient appris comme moi que les Français rôdaient dans les environs, et ils tenaient probablement à atteindre Santa Rosa le soir même, afin de se trouver à l’abri des attaques des éclaireurs impériaux qui battaient la campagne.

Ils ignoraient que je fusse au courant de la cause de ce départ