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DE MONTRÉAL À VICTORIA.

tion qui leur est nécessaire pour surmonter les difficultés qui se dressent à chaque détour. Grimpés parfois sur les chevalets et sur les tréteaux entrelacés d’un viaduc vertigineux jeté sur un torrent qui mugit à trois cents pieds au-dessous du train ; suspendus au flanc d’une montagne et surplombés par des rochers qui nous menacent de leurs proportions énormes et fantastiques ; suivant ensuite au fond d’un vallon les eaux tranquilles de la rivière qui paraît se reposer pour un moment, dans le calme et le silence d’un paysage agreste, pour reprendre ensuite son cours tumultueux à travers les rochers et les précipices, nous croyons rêver les yeux ouverts. Nous revoyons dans leur fantastique réalité ces paysages que Doré se plaisait parfois à inventer et que sa prodigieuse imagination avait découverts sans que ses yeux les eussent jamais contemplés. Les forêts de pins et d’épinettes couvrent partout les flancs des montagnes, et l’on aperçoit de temps en temps des éclaircies qui partant des sommets, descendent à pic et en droite ligne jusqu’au fond de la vallée. Ce sont les routes que les avalanches ont tracées en balayant tout devant leurs descentes terribles et destructives. Des deux