Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/105

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faire, mais si vous avez l’intention de mettre vos ordres à exécution, veuillez vous dépêcher un peu. Nous vous attendons de pied ferme. Trois contre trois, que diable ! la partie nous semble égale.

Celui qui nous avait déjà adressé la parole s’avança à son tour vers nous :

— Vous connaissez sans doute, nous dit-il, la sévérité du gouvernement contre les patriotes, et je vous conseille fortement de ne pas aggraver vos torts en luttant contre la loi. Rendez-vous paisiblement et je vous promets d’intercéder auprès des autorités, dans votre affaire.

— Ah ça ! M. l’Anglais ! répondis-je en me fâchant graduellement, pour qui nous prenez-vous ? Vous a-t-on accoutumé à ces manières de lâcheté et de couardise ? Si vous voulez le combat, en avant, nous sommes prêts, sinon prenez la route du village au plus vite, ou nous commencerons nous-mêmes la lutte. Tenez-vous-le pour dit !

Encore un moment de silence, et nos trois gaillards se décidèrent à remonter à cheval. Nous avions l’œil ouvert sur tous leurs mouvements. Au moment de s’éloigner, celui qui paraissait le chef de la bande nous dit d’une voix colère :

— Prenez garde ! nous représentons ici la loi, et vous êtes sous le coup d’une accusation de haute