Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/106

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trahison. Tôt ou tard vous aurez à répondre de votre résistance devant les tribunaux.

Le capitaine Marion qui possédait un caractère violent voulait s’élancer sur les mouchards, mais son père l’en empêcha. Il répondit cependant d’une voix rendue vibrante par la colère :

— Vous êtes la loi et nous sommes la trahison. Eh bien ! laissez-moi vous dire, ce soir, que la loi est représentée par la trahison d’un Canadien-Français et la poltronnerie de deux Anglais. Vous êtes trois hommes qui représentez la loi et vous hésitez à remplir votre mandat. Vous êtes des lâches !

Et le capitaine, n’écoutant que sa colère allait s’élancer de nouveau vers les cavaliers, quand il fut retenu par son père qui se plaça devant lui.

— Laisse-les s’éloigner paisiblement, Amable, lui dit le vieillard. Tu as déjà à répondre à une accusation de haute trahison, ne va pas te charger d’un crime nouveau en attaquant les représentants de la force. Puisqu’ils sont trop lâches pour se mesurer avec nous, laisse-les partir, mon fils.

Les trois cavaliers, pendant ce temps-là, avaient repris, au galop, la route du village où ils allaient probablement chercher du renfort et il nous fallait nous sauver en toute hâte pour échapper aux nouvelles recherches de la police. Heureusement