Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/113

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Jules et Jeanne se regardaient avec stupeur, car ils avaient ignoré jusque-là, qu’il y eût dans l’histoire de leur famille, une page où était inscrite la trahison d’un Montépel. Jules, surpris par les révélations de son père ne savait que penser de cette étrange histoire, et la pauvre Jeanne sentait les sanglots qui lui montaient à la gorge. Pierre avait baissé la tête dès les premières paroles où le nom de son père avait été mentionné dans le récit du vieillard, et le pauvre garçon semblait accablé par les sentiments de honte, de pitié et de colère qui se heurtaient dans sa tête en feu.

Le vieillard, étendu dans son fauteuil, avait laissé tomber sa tête sur sa poitrine, et ses longs cheveux blancs encadraient les traits de sa figure douce et mélancolique.

Personne ne paraissait vouloir rompre le silence qui devenait embarrassant, quand Pierre d’une voix émue et s’adressant au père de son amante :

— Monsieur Girard, le récit que vous venez de faire m’a trop profondément ému pour que j’essaie de vous rendre compte des sentiments si divers que je ressens maintenant. Qu’il me suffise de répondre franchement à la question que vous m’avez adressée avant de commencer votre récit, maintenant que je sais tout. Vous m’avez dit, que pour votre part, vous n’aviez aucune objection à