Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/133

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jamais ! je ne donnerai mon consentement à ton mariage avec la fille de Jean-Baptiste Girard. Je m’aperçois qu’il est temps de mettre un frein à ton esprit d’indépendance, car Dieu sait ce que me réserverait l’avenir si je me prêtais à tes caprices.

— Mon Dieu ! Jean-Louis ! calme-toi. De grâce, calme-toi ! reprit la pauvre mère éplorée. Les « engagés » pourraient t’entendre et réfléchis au scandale que tout cela produirait dans la paroisse.

— Du scandale ! C’est bien à toi, femme, à venir me parler de scandale quand notre fils unique que voilà, se propose d’offrir la main d’un Montépel à une Girard. Est-ce que chacun ne connaît pas, de Saint-Sulpice à Berthier, les sentiments qui existent depuis plus d’un quart de siècle entre les deux familles. Du scandale ! Oh ! tu as peur du scandale ! Eh bien ! demande à ton fils si le scandale lui fait peur, à lui, qui vient nous proposer de sacrifier l’honneur de la famille à un caprice d’amoureux. L’heure des faiblesses est passée et je reprends aujourd’hui l’autorité que me donne mon titre de père de famille. Nous avons fait des arrangements à Lanoraie, et ma parole est engagée. Je laisse à Pierre le temps de réfléchir avant d’accepter ou de rejeter les projets que j’ai formés pour son avenir, mais je lui défends de songer à