Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/132

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tépel de Lavaltrie tendra la main à un Girard de Contrecœur.

Et le fermier, incapable de retenir sa colère, s’était levé en prononçant ces paroles et s’était mis à arpenter la salle comme un homme qui veut combattre sa passion, mais qui se sent emporter par un mouvement irrésistible. Il continua :

— Ah ! les choses en sont rendues là ! Après m’avoir défié l’année dernière, tu parais décidé à continuer l’histoire et à agir par toi-même pour tout ce qui concerne les affaires les plus importantes de la famille. Je t’avais placé au collège dans l’espoir de te voir embrasser une profession libérale, et par ton fol orgueil et ton entêtement, tu as brisé ta carrière de ce côté-là. Oubliant mes justes griefs, j’arrange avec ta mère des projets d’établissement et de mariage avec une famille honorable, et voilà qu’au dernier moment tu viens m’annoncer ton amour pour la fille d’un homme qui est dans un état voisin de la misère, et dont le passé est une insulte pour mes sentiments politiques et personnels. Tu oublies le respect que tu dois au nom de ton père en rêvant une alliance avec la famille Girard et tu me forces, moi, vieillard à cheveux blancs, à revenir sur un passé que j’aurais voulu reléguer dans l’oubli. Eh bien, Pierre Montépel, je te réponds que jamais ! non