Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/135

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verrai à ce que ma présence ici n’ajoute pas à vos craintes. Je suis jeune et je suis fort, et le monde est assez grand pour me permettre de cacher ma femme là où l’on ignorera les différences qui existent entre nos deux familles. Les engagements que vous avez pris à Lanoraie ne sauraient donc m’empêcher de faire ce que je considère comme mon devoir d’honnête homme. Je suis fâché, très fâché d’avoir à vous désobéir sur ce sujet, mon père, mais comme l’année dernière, je me vois forcé de vous exposer franchement ma position. Je ne demande rien, je n’ai besoin de rien. Disposez de vos biens comme bon vous semblera. Seulement, ne m’en voulez pas trop, si par malheur, des circonstances d’une fatalité inconcevable me font dévier du sentier de l’obéissance qu’un enfant doit à ses parents. Je suis homme maintenant et je crois qu’il est de mon devoir d’agir suivant les inspirations de ma conscience. Je suis donc convaincu, puisque vous persistez à refuser votre consentement à mon mariage avec Jeanne Girard, qu’il vaut mieux, pour vous et pour moi, en arriver à une entente à ce sujet. Comme vous, je crains le scandale pour la famille. Eh bien ! il ne tient qu’à vous de l’éviter. Je partirai, apparemment en bons termes avec vous, et je vous jure que jamais le nom et la réputation des Montépel