Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/138

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un cadeau à ma fiancée je saurai travailler pour le gagner.

— Mon Dieu ! Jean-Louis ! sois raisonnable, intervint la pauvre mère qui redoutait le caractère violent de son mari. Et toi, mon fils, souviens-toi que tu parles à ton père.

— Vous avez raison, ma mère, répondit Pierre, et si j’ai manqué de respect à mon père, je lui en demande humblement pardon. Au point où en sont rendues les choses, je comprends d’ailleurs que toute discussion devient inutile. Afin que personne ne se doute des explications que nous avons eues, je vais me remettre au travail jusqu’à ce soir et en attendant, ma mère, je vous prie de préparer ma malle. Je partirai probablement demain.

Et le jeune homme après avoir embrassé tendrement sa mère se dirigea vers la porte sans que le fermier fit un seul mouvement pour le retenir. Quand ils furent seuls, les deux époux se regardèrent tristement, et la pauvre mère ne put s’empêcher de dire à son mari :

— Il ne m’appartient pas, Jean-Louis, de juger ta conduite envers Pierre, mais je ne puis m’empêcher de songer avec découragement à cette dernière querelle dans la famille. Nous nous faisons