Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/148

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Ce fut donc avec assez de fermeté qu’elle répondit :

— Tu sais, Jules, que je m’en rapporte entièrement à la décision de mon père. Si pénible que soit ton absence, elle est probablement indispensable.

— Bien ! petite sœur, je vois que tu es parfaitement raisonnable et puisque l’affaire est décidée, causons maintenant de nos préparatifs de départ, car Pierre nous a dit qu’il avait l’intention de se diriger bientôt vers Ottawa pour arranger les détails de son engagement.

— Bravo ! mon cher Jules, répondit Pierre en lui tendant de nouveau la main. Je vois que vous avez en vous l’étoffe d’un « voyageur », par l’empressement que vous mettez à vous occuper des détails de l’hivernement. Je partirai donc demain, afin de régler nos conditions d’engagement, et pendant ce temps-là vous vous préparez à venir me rejoindre dans quelques jours. Je vous attendrai à Ottawa, et nous nous dirigerons ensuite vers les forêts du Nord-Ouest.

La conversation roula pendant longtemps sur ce sujet intéressant et pénible tout à la fois, car ce n’était que le cœur gros de regrets que chacun voyait arriver l’heure de la séparation. Il fut décidé que Pierre partirait le lendemain, de Lavaltrie, après avoir dit un dernier adieu à ses pa-