Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/150

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avec la conviction que presque toujours, le soleil luit après la tempête, l’arc-en-ciel vient après la pluie. Vous êtes jeunes tous deux et quelques mois de séparation ne feront qu’ajouter à votre affection mutuelle. Pierre Montépel, en présence de mon fils, de celui qui, lorsque je ne serai plus, sera le chef de la famille, je vous accorde la main de ma fille, Jeanne Girard. Et toi, ma fille, avec la conviction sincère que le fiancé que je te donne est digne de toi, accepte comme sacré le dépôt de l’amour qu’il t’a voué et souviens-toi des sacrifices qu’il a faits pour obtenir ta main. Mes enfants, devant Dieu qui m’entend et qui nous protége, je vous bénis ! et puisse l’avenir vous réserver cette part de bonheur qui appartient à tous les braves cœurs qui luttent contre l’infortune et qui ne fléchissent pas devant l’arrêt fatal du malheur. Pierre, mon fils, embrassez votre fiancée, car l’heure du départ a sonné.

Le jeune homme serra Jeanne sur son cœur dans une étreinte passionnée et leur premier baiser d’amour fut aussi le baiser des adieux. Après avoir serré affectueusement la main du vieillard, il se précipita vers le rivage pour cacher l’émotion qui commençait à le maîtriser et pour épargner à Jeanne la vue de sa douleur.

Jules le suivit sur la grève et après avoir fixé le