Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/247

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connaissance que lui en témoignèrent Monsieur et Madame Dupuis. Le fils aîné qui avait pour elle les égards d’un frère, épiait ses moindres désirs afin de pouvoir lui être agréable, et l’on chuchotait tout bas, parmi les fillettes canadiennes qui ignoraient l’histoire de Jeanne, que l’amitié que lui témoignait Michel Dupuis pourrait bien devenir, avec le temps, un sentiment plus tendre. Michel qui était du même âge que Jeanne, était un garçon sobre, intelligent, industrieux, qui avait fait quelques années d’étude avant de partir pour les États-Unis, et qui comprenait parfaitement les circonstances exceptionnelles qui avaient forcé son père à émigrer. Son ambition était de pouvoir contribuer, par son travail, à ramener l’aisance dans sa famille, et sa conduite au-dessus de tout reproche faisait la joie de ses parents.

M. Dupuis qui, comme toute sa famille, ignorait les amours de Jeanne et de Pierre, avait remarqué lui-même l’attachement que son fils paraissait éprouver pour sa protégée, et il en avait fait part à sa femme. Les deux époux avaient exprimé l’espoir que cette amitié finirait peut-être plus tard par un mariage, mais comme Michel et Jeanne étaient encore trop jeunes pour former des projets d’union sur leur compte, on en était resté là.