Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/246

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santé était excellente sous tous les rapports. Les loisirs que lui avaient procurés les longues soirées d’hiver avaient été mis à profit pour faire elle-même ses travaux de couture, et pour étudier la langue anglaise qu’elle parlait déjà avec beaucoup de facilité. Ses manières réservées et polies et son costume toujours soigné, quoique modeste, inspiraient un certain respect, même à ceux qui se trouvaient en contact quotidien avec elle. Ses camarades de nationalité américaine s’étaient toujours empressées de l’aider de leur expérience et de leurs conseils, lorsqu’elle s’était trouvée dans l’embarras, lors de ses premiers jours de travail ; et toutes se sentaient attirées vers elle, quoiqu’il lui fût impossible, au début, de parler ou de comprendre l’anglais. Les enfants de M. Dupuis éprouvaient pour elle un attachement qui se faisait sentir dans l’empressement qu’ils mettaient à se soumettre à ses moindres désirs, et les deux filles les plus âgées, Marie et Joséphine, étaient devenues ses compagnes inséparables.

Jeanne qui avait reçu une éducation assez soignée, avait trouvé le temps d’organiser une classe de français afin d’enseigner la langue maternelle aux plus jeunes enfants qui fréquentaient les écoles américaines, et elle s’était vue récompensée par les progrès que firent ses élèves, et la re-