Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/258

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vieillard le rassura en lui disant qu’elle contenait des informations qu’il lui importait de connaître. Le jeune homme lut donc la lettre qui était conçue en ces termes :

« Chantiers de la Gatineau,
« Dans la forêt, ce 15 mai 1874

« Bien cher père :

« Je choisis la première occasion pour te faire parvenir cette lettre par un camarade qui fait la descente afin d’aller porter des dépêches à Ottawa. L’hiver a été magnifique pour la « coupe », mais malheureusement la fonte des neiges est arrivée trop tôt et nous nous voyons dans l’impossibilité de sortir les bois de la forêt au moyen des traîneaux, ce qui nous causera un retard considérable avant de pouvoir « encager. » Il va nous falloir traîner les grosses pièces sur le sol, et je ne crois pas qu’il nous soit possible de faire la descente avant la fin du mois d’août prochain. Il ne faut donc pas m’attendre avant les premiers jours de septembre. Pierre est mon " foreman " et nous avons réussi à nous engager dans des conditions très favorables. Pierre gagne un salaire de quarante-cinq dollars par mois, et j’en reçois trente-sept ; ce qui, à la fin de la saison, nous fera à chacun, un fort joli pécule. Pierre est un brave cœur dont j’apprends à ap-