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Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/266

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« chère amie, comme j’aime à croire que vous avez pensé à moi. Chaque jour, j’ai fait des vœux pour votre bonheur, j’ai souhaité le retour au foyer afin d’obtenir le doux privilège de vous appeler ma femme. Encore trois longs mois à attendre dans l’impatience et dans l’ennui, mais je me console avec l’idée que ces trois mois de travail me vaudront une somme de cent trente-cinq piastres que je consacrerai, en passant à Montréal, à l’achat d’un joli trousseau pour ma fiancée. « À quelque chose, malheur est bon », n’est-ce pas, chère amie ? Veuillez, ma chère Jeanne, présenter à votre vénérable père, l’assurance de mon affection filiale et dites-lui de ma part que Jules est le plus rude et le plus fidèle travailleur du chantier. Au revoir, chère et tendre amie, et chérissez bien le souvenir de celui qui ne pense qu’à vous, qui n’aime que vous et qui ne vit que pour vous. Aux premiers jours de septembre !

« Votre fiancé devant Dieu,
« Pierre Montépel. »

La jeune fille pressa la lettre de son amant sur ses lèvres, et relut avec bonheur les paroles d’amour et d’espoir que lui adressait celui qu’elle considérait déjà comme son protecteur naturel. En dépit du délai qu’elle se voyait forcée de subir avant le retour de Jules et de