Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/267

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Pierre, la pauvre Jeanne se trouvait bien heureuse d’apprendre qu’aucun accident n’était arrivé aux voyageurs pendant l’hivernement.

Comme il lui devenait impossible de cacher plus longtemps les liens qui l’unissaient à Pierre Montépel, elle se fit un devoir de raconter à Monsieur et à Madame Dupuis et à leurs enfants, les détails des événements qui précédèrent la mort du père Girard, et la conduite énergique et dévouée de son fiancé devant l’opposition de ses parents. Tous furent unanimes à lui exprimer la joie qu’ils ressentaient en apprenant l’heureuse nouvelle, et Michel lui-même qui s’était tenu à l’écart pour écouter le récit de Jeanne, la félicita vivement du bonheur que paraissait lui réserver un avenir prochain.

Le pauvre garçon s’était fait violence pour cacher son trouble. On avait remarqué, dans la famille, sans cependant y attacher beaucoup d’importance, que son caractère était devenu plus triste depuis son retour du Canada, et qu’il fuyait la compagnie de ses camarades d’autrefois. Il recherchait constamment la solitude, et le travail de la filature paraissait absorber toute son attention. Jeanne avait continué à le traiter avec la plus grande familiarité, mais le jeune homme paraissait fuir sa société, tout en restant dans les