Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/62

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cela, ce soir, avec notre vieux père, et si ma sœur ne s’y oppose pas, nous vous attendrons demain pour dîner, dans l’humble chaumière de Contrecœur. Qu’en dis-tu, petite sœur ?

Jeanne tremblait comme la feuille du peuplier. La pauvre enfant avait été si surprise par cette scène inattendue, qu’elle avait failli s’évanouir. Elle était maintenant un peu remise, mais elle ne sut que balbutier quelques mots inintelligibles pour toute réponse.

— Qui ne dit mot consent, continua Jules, et nous vous attendrons demain, pour dîner, M. Montépel.

Les amis se serrèrent la main, mais Jeanne osait à peine lever les yeux pour répondre au bonsoir de son amant.

— Eh bien, sœur ! n’as-tu pas un mot d’adieu pour M. Pierre ? lui dit Jules.

— Bonsoir, M. Pierre, balbutia-t-elle, et son œil limpide rencontrant le regard loyal du jeune homme, leurs cœurs, pour la première fois, battirent à l’unisson dans un même sentiment de bonheur inexprimable.

Le canot se détacha du rivage et se dirigea vers Contrecœur.

Le bruit cadencé des avirons se perdit peu-à-