Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/67

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En homme qui se connaît en affaires, il a voulu que le jour où il vendrait son magasin, il put aussi marier sa fille à l’acquéreur de son fonds. Ce qui fait, qu’en réalité, Pierre se verrait forcé d’accepter fille et magasin tout à la fois, si nous parvenions à conclure des arrangements avec le marchand de Lanoraie. Qu’en dis-tu ?

— Hem ! ce que j’en dis. Tu dois connaître assez le caractère de Pierre pour savoir qu’il n’est pas homme à se laisser imposer une femme comme condition dans une affaire aussi importante que celle-là. Mais il pourrait se faire, qu’après tout, l’affection s’en mêle, et il faudrait voir à cela. Ce serait vraiment une belle occasion d’établir notre fils, et l’alliance de la famille Dalcour n’est pas à dédaigner.

— Tu as raison femme, répondit le vieillard, mais je crois que Pierre comprendra assez facilement le sentiment qui nous fait agir dans tout cela, et qu’il acceptera volontiers nos conditions. J’en parlerai moi-même à Pierre après la moisson, et il faudra tâcher de bâcler l’affaire.

La conversation en resta là, pour le moment, et Pierre qui rêvait, étendu sur l’herbe de la côte, était loin de se douter des projets de ses parents.

Est-il besoin d’ajouter qu’il pensait à Jeanne ; à la scène de la grève ; à la visite qu’il devait faire,