Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/86

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dans l’humble chaumière qu’égayait la présence de ma jeune femme. J’avais à sa demande, abandonné la vie aventureuse du trappeur, pour m’occuper d’un petit négoce qui nous permettait de vivre dans une honnête aisance.

Un soir, à la brunante, que je fumais tranquillement ma pipe sur le seuil de mon humble magasin, un voisin qui revenait du village m’informa qu’il y avait une lettre pour moi, chez le maître d’école de Contrecœur. Ce brave homme qui cumulait les fonctions de magister et de maître de poste, l’avait prié de m’en informer. Il me faut vous dire, mes enfants, qu’il y a quarante ans, le service des postes ne se faisait pas aussi régulièrement qu’aujourd’hui. Le courrier ne passait à Contrecœur que deux fois par mois, et la réception d’une lettre faisait alors époque dans la famille d’un villageois.

Le lendemain, de bonne heure, je me rendis au « fort » et jugez de ma surprise, quand en brisant l’enveloppe de la lettre en question, je vis la signature du supérieur des Sulpiciens de Montréal, à qui j’avais remis les papiers du missionnaire du lac Néquabon. Je possède encore cette communication dont je vais vous faire connaître le contenu. »

Et le vieillard alla retirer d’une cassette, un pa-