Page:Beaugrand - Jeanne la fileuse, 1878.djvu/98

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confortable et le père Marion avait pris soin d’y placer des vivres pour plusieurs jours. On nous visiterait une fois par semaine, pendant la nuit, afin de ne pas éveiller les soupçons des villageois et nous devions rester ainsi cachés jusqu’à nouvel ordre. Madame Marion avait aussi pris soin de nous faire parvenir quelques livres pour nous aider à « tuer » le temps, et somme toute, nous n’avions pas trop à nous plaindre de notre position. Nous étions dans notre solitude depuis un mois et l’on nous avait tenus au courant des événements politiques. Nous avions aussi reçu des nouvelles de Contrecœur. Nous attendions avec impatience que l’excitation fut apaisée afin de pouvoir reprendre la route du village, lorsqu’un jour, nous entendîmes, dans la forêt voisine, le bruit cadencé de la hache d’un bûcheron qui abattait un arbre. Nous ne fîmes que peu d’attention à ce fait assez ordinaire, mais le lendemain le bruit recommença et ce n’était plus un bûcheron mais plusieurs bûcherons qui venaient probablement d’établir un « chantier » pour la coupe du bois de corde, pendant l’hiver. Nous en étions à discuter le danger d’un tel voisinage pour nous, lorsque nous fûmes dérangés par la voix d’un homme qui frappait à la porte de notre cabane en nous demandant d’ouvrir. La fumée qui s’échappait de notre retraite avait trahi notre présence et un bû-