Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/100

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de misère dans la petite famille à dater de cette époque, mais le pauvre garçon avait compté sans la maladie qui commença à s’attaquer à son pauvre corps déjà si faible et si cruellement éprouvé.

Mais Macloune était brave, et il n’y avait guère de temps qu’on ne l’aperçut sur le quai, au débarcadère des bateaux à vapeur, les jours de marché, ou avant et après la grand’messe, tous les dimanches et fêtes de l’année. Pendant les longues soirées d’été, il faisait la pêche dans les eaux du fleuve, et il était devenu d’une habileté peu commune pour conduire un canot, soit à l’aviron pendant les jours de calme, soit à la voile lorsque les vents étaient favorables. Pendant les grandes brises du nord-est, on apercevait parfois Macloune seul, dans son canot, les cheveux au vent, louvoyant en descendant le fleuve ou filant vent arrière vers les îles de Contrecœur.

Pendant la saison des fraises, des framboises et des bluets il avait organisé un petit commerce de gros qui lui rapportait d’assez beaux bénéfices. Il achetait ces fruits des villageois pour aller les revendre