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sur les marchés de Montréal. C’est alors qu’il fit la connaissance d’une pauvre fille qui lui apportait ses bluets de la rive opposée du fleuve, où elle habitait, dans la concession de la Petite Misère.


III


La rencontre de cette fille fut toute une révélation dans l’existence du pauvre Macloune. Pour la première fois il avait osé lever les yeux sur une femme et il en devint éperdument amoureux.

La jeune fille, qui s’appelait Marie Joyelle, n’était ni riche, ni belle. C’était une pauvre orpheline maigre, chétive, épuisée par le travail, qu’un oncle avait recueillie par charité et que l’on faisait travailler comme une esclave en échange d’une maigre pitance et de vêtements de rebut qui suffisaient à peine pour la couvrir décemment. La pauvrette n’avait jamais porté de chaussures de sa vie et un petit châle noir à carreaux rouges servait à lui couvrir la tête et les épaules.

Le premier témoignage d’affection que lui donna Macloune fut l’achat d’une paire