Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/112

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Sa mère tenta de le dissuader car le ciel était lourd, l’air était froid et de gros nuages roulaient à l’horizon. On allait avoir de la pluie et peut-être du gros vent. Mais Macloune n’entendit point ou fit semblant de ne pas comprendre les objections de sa mère. Il l’embrassa tendrement en la serrant dans ses bras et sautant dans son canot, il disparut dans la nuit sombre.

Marichette l’attendait sur la rive à l’endroit ordinaire. L’obscurité l’empêcha de remarquer la figure bouleversée de son ami et elle s’avança vers lui avec la salutation accoutumée :

― Bonjour Macloune !

― Bôjou Maïchette !

Et la prenant brusquement dans ses bras, il la serra violemment contre sa poitrine en balbutiant des phrases incohérentes entrecoupées de sanglots déchirants :

― Tu sais Maïchette… Mosieu Curé veut pas nous autres marier… to pauvre, nous autres… to laid, moi… to laid… to laid, pour marier toi… moi veux plus vivre… moi veux mourir.