Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/81

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par la lueur des éclairs que j’entrevoyais parfois la route. Heureusement que ma pouliche avait l’instinct de me tenir dans le milieu du chemin, car il faisait noir comme dans un four. Le grand Sem dormait toujours, bien qu’il fût trempé comme une lavette. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’étais dans le même état. Nous arrivâmes ainsi jusque chez Louis Trempe dont j’aperçus la maison jaune à la lueur d’un éclair qui m’aveugla, et qui fut suivi d’un coup de tonnerre qui fit trembler ma bête et la fit s’arrêter tout court. Sem lui-même s’éveilla de sa léthargie et poussa un gémissement suivi d’un cri de terreur :

― Regarde, Fanfan ! la bête à grand’queue !

Je me retournai pour apercevoir derrière la voiture, deux grands yeux qui brillaient comme des tisons et, tout en même temps, un éclair me fit voir un animal qui poussa un hurlement de bête-à-sept-têtes en se battant les flancs d’une queue rouge de six pieds de long. ― J’ai la queue chez moi et je vous la montre-