Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/82

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rai quand vous voudrez ! — Je ne suis guère peureux de ma nature, mais j’avoue que me voyant ainsi, à la noirceur, seul avec un homme saoul, au milieu d’une tempête terrible et en face d’une bête comme ça, je sentis un frisson me passer dans le dos et je lançai un grand coup de fouet à ma jument qui partit comme une flèche. Je vis que j’avais la double chance de me casser le cou dans une coulée ou en roulant en bas de la côte, ou bien de me trouver face à face avec cette fameuse bête à grand’queue dont on m’avait tant parlé, mais à laquelle je croyais à peine. C’est alors que toutes mes pâques de renard me revinrent à la mémoire et je promis bien de faire mes devoirs comme tout le monde, si le bon Dieu me tirait de là. Je savais bien que le seul moyen de venir à bout de la bête, si ça en venait à une prise de corps, c’était de lui couper la queue au ras du trognon, et je m’assurai que j’avais bien dans ma poche un bon couteau à ressort de chantier qui coupait comme un rasoir. Tout cela me passa