Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/83

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par la tête dans un instant pendant que ma jument galopait comme une déchaînée et que le grand Sem Champagne, à moitié dégrisé par la peur, criait :

― Fouette, Fanfan ! la bête nous poursuit. J’lui vois les yeux dans la noirceur.

Et nous allions un train d’enfer. Nous passâmes le village des Blais et il fallut nous engager dans la route qui longe le manoir de Dautraye. La route est étroite, comme vous savez. D’un côté, une haie en hallier bordée d’un fossé assez profond sépare le parc du chemin, et de l’autre, une rangée de grands arbres longe la côte jusqu’au pont de Dautraye. Les éclairs pénétraient à peine à travers le feuillage des arbres et le moindre écart de la pouliche devait nous jeter dans le fossé du côté du manoir, ou briser la charrette en morceaux sur les troncs des grands arbres. Je dis à Sem :

― Tiens-toi bien mon Sem ! Il va nous arriver un accident.

Et vlan ! patatras ! un grand coup de tonnerre éclate et voilà la pouliche affolée qui se jette à droite dans le fossé,