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Page:Beaugrand - La chasse-galerie, 1900.djvu/97

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En dépit de cette laideur vraiment repoussante et de cette difficulté de langage, Macloune était adoré par sa mère et aimé de tous les villageois.

C’est qu’il était aussi bon qu’il était laid, et il avait deux grands yeux bleus qui vous fixaient comme pour vous dire :

― C’est vrai ! je suis bien horrible à voir, mais tel que vous me voyez, je suis le seul support de ma vieille mère malade et, si chétif que je sois, il me faut travailler pour lui donner du pain.

Et pas un gamin, même les plus méchants, aurait osé se moquer de sa laideur ou abuser de sa faiblesse.

Et puis, on le prenait en pitié parce que l’on disait au village qu’une sauvagesse avait jeté un sort à Marie Gallien, quelques mois avant la naissance de Macloune. Cette sauvagesse était une faiseuse de paniers qui courait les campagnes et qui s’enivrait, dès qu’elle avait pu amasser assez de gros sous pour acheter une bouteille de whiskey ; et c’était alors une orgie qui restait à jamais gravée dans la mémoire de ceux qui en étaient témoins. La malheu-