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LETTRES DE VOYAGE

gés le ministre de la guerre, pour avoir publié un volume sans l’autorisation nécessaire à tout officier en service actif. Les deux jeunes époux avaient pris la chose du bon côté et ne paraissaient pas trop marris de ces trente jours de tête-à-tête qui leur arrivaient ainsi, en pleine lune de miel.

Deux routes nous sont offertes pour aller de Tunis en Algérie : par mer, le paquebot de la Goulette à Bône, avec escale à la Calle ; et le chemin de fer, à travers la Tunisie par Ghardimaou, Duvivier, Guelma et Kroubs. Nous choisissons la dernière comme la plus intéressante et la plus pittoresque, et dès cinq heures du matin, nous sommes installés dans un wagon de première, qui doit nous conduire à Bône en 14 heures. Nous passons par la Manouba, qui est une réunion de jardins d’orangers et de villas appartenant aux grands fonctionnaires de la Cour du Bey ; plus loin Djedeïda, petite ville bien plantée, aux abords agréables, où l’on fabrique des chechïas. On suit la vallée de la Medjerda jusqu’à Ghardimaou. Cette petite rivière roule ses eaux limoneuses et saumâtres entre des berges plus ou moins escarpées, dans de vastes et fertiles plaines, où l’on aperçoit les pasteurs arabes