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LETTRES DE VOYAGE

au salon, après dîner, les jeunes gens nous chantèrent les joyeusetés du jour, les musiciens nous jouèrent des morceaux de leur composition et la soirée se termina gaiement.

J’examinais le commandant Stoëckel. C’est un homme dans la quarantaine, d’une forte stature, une tête énergique assise sur des épaules vigoureuses, une figure caractéristique avec des yeux vifs et intelligents. Engagé volontaire à dix-huit ans, il était capitaine et décoré huit ans après. La guerre de 1870 l’a certainement favorisé, mais il a hardiment payé de sa personne. Blessé, fait prisonnier de guerre, il parvint à s’échapper des mains de l’ennemi, et reprit du service. On ne tarda pas à le nommer capitaine et à le décorer. Il avait vingt-six ans. Plein d’ardeur, toujours actif, le premier aux endroits dangereux, il justifia amplement le brillant avancement et les faveurs qu’il reçut du Gouvernement de la Défense Nationale. Pendant quinze ans, il resta capitaine et en 1886, le Ministre de la guerre, alors le Général Boulanger, l’appelait au commandement d’une des écoles militaires préparatoires en voie de création. Il donnait ainsi un poste important à un homme d’élite. Ce qui m’étonne, comme étranger, c’est de