Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/133

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par cette jalousie dont ils ont eu l’art de vous dérober la clef.

BARTHOLO, regardant au trousseau. Ah ! les scélérats ! Mon enfant, je ne te quitte plus.

ROSINE, avec effroi. Ah ! Monsieur ! et s’ils sont armés ?

BARTHOLO. Tu as raison : je perdrais ma vengeance. Monte chez Marceline : enferme-toi chez elle à double tour. Je vais chercher main-forte, et l’attendre auprès de la maison.

Arrêté comme voleur, nous aurons le plaisir d’en être à la fois vengés et délivrés ! Et compte que mon amour te dédommagera…

ROSINE, au désespoir. Oubliez seulement mon erreur. (A part.) Ah ! je m’en punis assez !

BARTHOLO, s’en allant. Allons nous embusquer. A la fin, je la tiens.

Il sort.




Scène IV

ROSINE, seule

Son amour me dédommagera !… Malheureuse !… (Elle tire son mouchoir, et s’abandonne aux larmes.) Que faire ?… Il va venir. Je veux rester et feindre avec lui, pour le contempler un moment dans toute sa noirceur. La bassesse de son procédé sera mon préservatif… Ah ! j’en ai grand besoin. Figure noble, air doux, une voix si tendre !… et ce n’est que le vil agent d’un corrupteur ! Ah ! malheureuse ! malheureuse !… Ciel ! on ouvre la jalousie !

Elle se sauve.




Scène