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Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/174

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 son quatrième mémoire, en défendant jusqu’à la mort sa triste
existence attaquée par un soi-disant magistrat. Je respecte donc
hautement ce que chacun doit honorer ; et je blâme ce qui peut nuire.

--Mais dans cette Folle Journée, au lieu de sapper les abus, vous vous
donnez des libertés très-répréhensibles au théâtre : votre monologue
surtout, contient, sur les gens disgraciés, des traits qui passent la
licence ! --Eh ! croyez-vous, Messieurs, que j’eusse un talisman pour
tromper, séduire, enchaîner la censure et l’autorité, quand je leur
soumis mon ouvrage ? que je n’aye pas dû justifier ce que j’avais osé
écrire ? Que fais-je dire à Figaro, parlant à l’homme déplacé ? Que les
sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le
cours. Est-ce donc-là une vérité d’une conséquence dangereuse ? Au lieu
de ces inquisitions puériles et fatigantes, et qui seules donnent de
l’importance à ce qui n’en aurait jamais ; si, comme en Angleterre, on
était assez sage ici pour traiter les sottises avec ce mépris qui les
tue ; loin de sortir du vil fumier qui les enfante, elles y pourriraient
en germant, et ne se propageraient point. Ce qui multiplie les libelles,
est la faiblesse de les craindre : ce qui fait vendre les sottises, est
la sottise de les défendre.

Et comment conclut Figaro ? Que sans la liberté de blâmer, il n’est
point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui
redoutent les petits écrits. Sont-ce-là des hardiesses coupables, ou
bien des aiguillons de gloire ; des moralités insidieuses, ou des maximes
réfléchies, aussi justes qu’encourageantes ?

Supposez-les le fruit des souvenirs. Lorsque, satisfait du présent,
l’auteur veille pour l’avenir, dans la critique du passé, qui peut avoir
droit de s’