En l’épousant.
MARCELINE.
Railleur fade et cruel, que ne vous débarrassez-vous de la mienne à ce
prix ? ne le devez-vous pas ? où est le souvenir de vos engagemens ? qu’est
devenu celui de notre petit Emanuel, ce fruit d’un amour oublié, qui
devait nous conduire à des noces ?
BARTHOLO ôtant son chapeau.
Est-ce pour écouter ces sornettes que vous m’avez fait venir de Séville ?
Et cet accès d’hymen qui vous reprend si vif….
MARCELINE.
Eh bien ! n’en parlons plus. Mais si rien n’a pu vous porter à la justice
de m’épouser, aidez-moi donc du moins à en épouser un autre.
BARTHOLO.
Ah ! volontiers : parlons. Mais quel mortel abandonné du ciel et des
femmes ?…
MARCELINE.
Eh ! qui pourrait-ce être, Docteur, sinon le beau, le gai, l’aimable
Figaro ?
BARTHOLO.
Ce fripon-là ?
MARCELINE.
Jamais fâché, toujours en belle humeur, donnant le présent à la joie, et
s’inquiétant de l’avenir tout aussi peu que du passé ; semillant,
généreux ! généreux….
BARTHOLO.
Comme un voleur.
MARCELINE.
Comme un seigneur. Charmant enfin ; mais c’est le plus grand monstre !
Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/198
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