Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


BARTHOLO.

Et sa Suzanne ?

MARCELINE.

Elle ne l’aurait pas la rusée, si vous vouliez m’aider, mon petit
Docteur, à faire valoir un engagement que j’ai de lui.

BARTHOLO.

Le jour de son mariage ?

MARCELINE.

On en rompt de plus avancés : et si je ne craignais d’éventer un petit
secret des femmes !…

BARTHOLO.

En ont-elles pour le médecin du corps ?

MARCELINE.

Ah ! vous savez que je n’en ai pas pour vous. Mon sexe est ardent, mais
timide : un certain charme a beau nous attirer vers le plaisir, la femme
la plus aventurée sent en elle une voix qui lui dit : sois belle si tu
peux, sage si tu veux ; mais sois considérée, il le faut. Or, puisqu’il
faut être au moins considérée ; que toute femme en sent l’importance ;
effrayons d’abord la Suzanne sur la divulgation des offres qu’on lui
fait.

BARTHOLO.

Où cela mènera-t-il ?

MARCELINE.

Que la honte la prenant au collet, elle continuera de refuser le Comte,
lequel pour se venger appuiera l’opposition que j’ai faite à son
mariage : alors le mien devient certain.

BARTHOLO.

Elle a raison. Parbleu, c’est un bon tour que de faire épouser ma
vieille gouvernante au coquin qui fit enlever ma jeune maîtresse.

MARCELINE, vîte.