Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/220

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 nous recorder : ne fesons point comme ces
acteurs qui ne jouent jamais si mal que le jour où la critique est le
plus éveillée. Nous n’avons point de lendemain qui nous excuse, nous.
Sachons bien nos rôles aujourd’hui.

BAZILE malignement.

Le mien est plus difficile que tu ne crois.

FIGARO, fesant sans qu’il le voie le geste de le rosser.

Tu es loin aussi de savoir tout le succès qu’il te vaudra.

CHÉRUBIN.

Mon ami, tu oublies que je pars.

FIGARO.

Et toi tu voudrais bien rester !

CHÉRUBIN.

Ah ! si je le voudrais !

FIGARO.

Il faut ruser. Point de murmure à ton départ. Le manteau de voyage à
l’épaule ; arrange ouvertement ta trousse, et qu’on voie ton cheval à la
grille : un temps de galop jusqu’à la Ferme : reviens à pied par les
derrières ; Monseigneur te croira parti ; tiens-toi seulement hors de sa
vue ; je me charge de l’apaiser après la fête.

CHÉRUBIN.

Mais Fanchette qui ne sait pas son rôle !

BAZILE.

Que diable lui apprenez-vous donc, depuis huit jours que vous ne la
quittez pas ?

FIGARO.

Tu n’as rien à faire aujourd’hui, donne-lui par grace une leçon.

BAZILE.

Prenez garde, jeune homme, prenez garde ! le père n’est pas satisfait ; la
fille a été souffletée ; elle