Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Au lieu de t’affliger de nos chagrins….

FIGARO.

N’est-ce pas assez que je m’en occupe ? Or, pour agir aussi
méthodiquement que lui, tempérons d’abord son ardeur de nos possessions,
en l’inquiétant sur les siennes.

LA COMTESSE.

C’est bien dit ; mais comment ?

FIGARO.

C’est déjà fait, Madame ; un faux avis donné sur vous….

LA COMTESSE.

Sur moi ! la tête vous tourne.

FIGARO.

Oh ! c’est à lui qu’elle doit tourner.

LA COMTESSE.

Un homme aussi jaloux !…

FIGARO.

Tant mieux : pour tirer parti des gens de ce caractère, il ne faut qu’un
peu leur fouetter le sang ; c’est ce que les femmes entendent si bien !
Puis les tient-on fâchés tout rouge, avec un brin d’intrigue on les mène
où l’on veut, par le nez, dans le Guadalquivir. Je vous ai fait rendre à
Bazile un billet inconnu, lequel avertit Monseigneur qu’un galant doit
chercher à vous voir aujourd’hui pendant le bal.

LA COMTESSE.

Et vous vous jouez ainsi de la vérité sur le compte d’une femme
d’honneur….

FIGARO.

Il y en a peu, Madame, avec qui je l’eusse osé, crainte de rencontrer
juste.

LA COMTESSE.

Il faudra que je l’en remercie !