Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/227

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FIGARO.

Mais dites-moi s’il n’est pas charmant de lui avoir taillé ses morceaux
de la journée, de façon qu’il passe à rôder, à jurer après sa dame, le
temps qu’il destinait à se complaire avec la nôtre ? Il est déjà tout
dérouté : galopera-t-il celle-ci ? surveillera-t-il celle-là ? dans son
trouble d’esprit, tenez, tenez, le voilà qui court la plaine, et force
un lièvre qui n’en peut mais. L’heure du mariage arrive en poste ; il
n’aura pas pris de parti contre ; et jamais il n’osera s’y opposer devant
Madame.

SUZANNE.

Non ; mais Marceline, le bel esprit, osera le faire, elle.

FIGARO.

Brrrr. Cela m’inquiète bien, ma foi ! Tu feras dire à Monseigneur que tu
te rendras sur la brune au jardin.

SUZANNE.

Tu comptes sur celui-là ?

FIGARO.

O dame ! écoutez donc ; les gens qui ne veulent rien faire de rien,
n’avancent rien et ne sont bons à rien. Voilà mon mot.

SUZANNE.

Il est joli !

LA COMTESSE.

Comme son idée ; vous consentiriez qu’elle s’y rendît ?

FIGARO.

Point du tout. Je fais endosser un habit de Suzanne à quelqu’un : surpris
par nous au rendez-vous, le Comte pourra-t-il s’en dédire ?

SUZANNE.

À qui mes habits ?

FIGARO.