Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/342

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 et
sans relâche, qu’on est tout surpris un beau soir de trouver la satiété
où l’on recherchait le bonheur.

LA COMTESSE, à part.

Ah ! quelle leçon !

LE COMTE.

En vérité, Suzon, j’ai pensé mille fois que si nous poursuivons ailleurs
ce plaisir qui nous fuit chez elles, c’est qu’elles n’étudient pas assez
l’art de soutenir notre goût, de se renouveler à l’amour, de ranimer,
pour ainsi dire, le charme de leur possession par celui de la variété.

LA COMTESSE piquée.

Donc elles doivent tout….

LE COMTE, riant.

Et l’homme rien ? changerons-nous la marche de la nature ? notre tâche, à
nous, fut de les obtenir ; la leur…

LA COMTESSE.

La leur ?

LE COMTE.

Est de nous retenir : on l’oublie trop.

LA COMTESSE.

Ce ne sera pas moi.

LE COMTE.

Ni moi.

FIGARO, à part.

Ni moi.

SUZANNE, à part.

Ni moi.

LE COMTE prend la main de sa femme.

Il y a de l’écho ici ; parlons plus bas. Tu n’as nul besoin d’y songer,
toi que l’amour a faite et si vive et si jolie ! avec un grain de caprice
tu feras la plus agaçante maîtresse ! (il la baise au front) Ma
Suzanne, un Castillan n’a que sa parole. Voici tout l’