Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/44

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à Séville, quand Madrid et la Cour offrent de toutes parts des plaisirs si faciles ? — Et c’est cela même que je fuis. Je suis las des conquêtes que l’intérêt, la convenance ou la vanité nous présentent sans cesse. Il est si doux d’être aimé pour soi-même ! Et si je pouvais m’assurer sous ce déguisement… Au diable l’importun !


Scène II. FIGARO ; LE COMTE, caché


FIGARO, une guitare sur le dos, attachée en bandoulière avec un large ruban ; il chantonne gaiement, un papier et un crayon à la main.

Bannissons le chagrin,
Il nous consume :
Sans le feu du bon vin
Qui nous rallume,
Réduit à languir,
L’homme, sans plaisir,
Vivrait comme un sot,
Et mourrait bientôt.

Jusque-là ceci ne va pas mal, hein, hein.

Et mourrait bientôt…
Le vin et la paresse
Se disputent mon cœur.

Eh non ! ils ne se le disputent pas, ils y règnent paisiblement ensemble…

Se partagent… mon cœur.

Dit-on : se partagent ?… Eh, mon Dieu ! nos faiseurs