Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/49

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De retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes talents littéraires ; et le théâtre me parut un champ d’honneur…

LE COMTE. Ah ! miséricorde !

FIGARO. (Pendant sa réplique, le comte regarde avec attention du côté de la jalousie. ) En vérité, je ne sais comment je n’eus pas le plus grand succès, car j’avais rempli le parterre des plus excellents travailleurs ; des mains… comme des battoirs ; j’avais interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissements sourds ; et d’honneur, avant la pièce, le café m’avait paru dans les meilleures dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale…

LE COMTE. Ah ! la cabale ! monsieur l’auteur tombé !

FIGARO. Tout comme un autre ; pourquoi pas ? ils m’ont sifflé ; mais si jamais je puis les rassembler…

LE COMTE. L’ennui te vengera bien d’eux ?

FIGARO. Ah ! comme je leur en garde, morbleu !

LE COMTE. Tu jures ! Sais-tu qu’on n’a que vingt-quatre heures, au Palais, pour maudire ses juges ?

FIGARO. On a vingt-quatre ans au théâtre ; la vie est trop courte pour user un pareil ressentiment.

LE COMTE. Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t’a fait quitter Madrid.