Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur ? La pauvre jeunesse est si malheureuse aujourd’hui, qu’elle n’a que ce terrible choix : amour sans repos, ou repos sans amour.

ROSINE, baissant les yeux. Repos sans amour… paraît…

FIGARO. Ah ! bien languissant. Il semble, en effet, qu’amour sans repos se présente de meilleure grâce : et pour moi, si j’étais femme…

ROSINE, avec embarras. Il est certain qu’une jeune personne ne peut empêcher un honnête homme de l’estimer.

FIGARO. Aussi mon parent vous estime-t-il infiniment.

ROSINE. Mais s’il allait faire quelque imprudence, monsieur Figaro, il nous perdrait.

FIGARO, à part. il nous perdrait ! (Haut.) Si vous le lui défendiez expressément par une petite lettre… Une lettre a bien du pouvoir.

ROSINE lui donne la lettre qu’elle vient d’écrire. Je n’ai pas le temps de recommencer celle-ci ; mais en la lui donnant, dites-lui… dites-lui bien…

Elle écoute.

FIGARO. Personne, Madame.

ROSINE. Que c’est par pure amitié, tout ce que je fais.

FIGARO. Cela parle de soi. Tudieu ! l’amour a bien une autre allure !

ROSINE. Que par pure amitié, entendez-vous ? Je crains seulement que, rebuté par les difficultés…