Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/84

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XIII

LE COMTE, BARTHOLO

LE COMTE. Oh ! Je vous ai reconnu d’abord à votre signalement.

BARTHOLO, au comte, qui serre la lettre. Qu’est-ce que c’est donc, que vous cachez là dans votre poche ?

LE COMTE. Je le cache dans ma poche, pour que vous ne sachiez pas ce que c’est.

BARTHOLO. Mon signalement ! Ces gens-là croient toujours parler à des soldats.

LE COMTE. Pensez-vous que ce soit une chose si difficile à faire que votre signalement ?

(AIR : Ici sont venus en personne)

Le chef branlant, la tête chauve,

Les yeux vérons, le regard fauve,

L’air farouche d’un Algonquin,

La taille lourde et déjetée,

L’épaule droite surmontée,

Le teint grenu d’un Maroquin,

Le nez fait comme un baldaquin,

La jambe pote et circonflexe,

Le ton bourru, la voix perplexe,

Tous les appétits destructeurs ;

Enfin la perle des docteurs.

BARTHOLO. Qu’est-ce que cela veut dire ? Etes-vous ici pour m’insulter ? Délogez à l’instant.

LE COMTE. Déloger ! Ah, fi ! que c’est mal parler ! Savez-vous lire, docteur… Barbe à l’eau ?

BARTHOLO. Autre question saugrenue.