Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/88

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Eh bien, ai-je tort à présent, docteur Barbaro ?

BARTHOLO. On dirait que cet homme se fait un malin plaisir de m’estropier de toutes les manières possibles. Allez au diable, Barbaro, Barbe à l’eau ! et dites à votre impertinent maréchal des logis que, depuis mon voyage à Madrid, je suis exempt de loger des gens de guerre.

LE COMTE, à part. ô Ciel ! fâcheux contretemps !

BARTHOLO. Ah, ah, notre ami, cela vous contrarie et vous dégrise un peu ! Mais n’en décampez pas moins à l’instant.

LE COMTE, à part. J’ai pensé me trahir. (Haut.) Décamper ! Si vous êtes exempt de gens de guerre, vous n’êtes pas exempt de politesse, peut-être ? Décamper ! montrez-moi votre brevet d’exemption ; quoique je ne sache pas lire, je verrai bientôt…

BARTHOLO. Qu’à cela ne tienne. Il est dans ce bureau.

LE COMTE, pendant qu’il y va, dit, sans quitter sa place. Ah ! ma belle Rosine !

ROSINE. Quoi ! Lindor, c’est vous ?

LE COMTE. Recevez au moins cette lettre.

ROSINE. Prenez garde, il a les yeux sur nous.

LE COMTE. Tirez votre mouchoir, je la laisserai tomber.

Il s’approche.

BARTHOLO. Doucement,