Page:Beaumarchais - Œuvres choisies, édition 1913, tome 2.djvu/93

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pas pour vous donner le droit de m’offenser impunément.

BARTHOLO. De quelle offense parlez-vous ?

ROSINE. C’est qu’il est inouï qu’on se permette d’ouvrir les lettres de quelqu’un.

BARTHOLO. De sa femme ?

ROSINE. Je ne la suis pas encore. Mais pourquoi lui donnerait-on la préférence d’une indignité qu’on ne fait à personne ?

BARTHOLO. Vous voulez me faire prendre le change, et détourner mon attention du billet qui, sans doute, est une missive de quelque amant. Mais je le verrai, je vous assure.

ROSINE. Vous ne le verrez pas. Si vous m’approchez, je m’enfuis de cette maison, et je demande retraite au premier venu.

BARTHOLO. Qui ne vous recevra point.

ROSINE. C’est ce qu’il faudra voir.

BARTHOLO. Nous ne sommes pas ici en France, où l’on donne toujours raison aux femmes ; mais, pour vous en ôter la fantaisie, je vais fermer la porte.

ROSINE, pendant qu’il y va. Ah, Ciel ! que faire ?… Mettons vite à la place la lettre de mon cousin, et donnons-lui beau jeu de la prendre.

Elle fait l’échange, et met la lettre du cousin dans sa pochette, de façon qu’elle sorte un peu.